12 mai 2009

Même quand ça va bien (en apparence), ben ça va mal en fait (évidemment)...

Quand je suis arrivée dans mon nouvel établissement début mars, j'étais pleine d'espoir. On me proposait un poste jusqu'à la fin de l'année voire au delà et ça, c'était quand même très glop.

Jusqu'à ce que je me rende compte que les quatrièmes n'aimaient pas ouvrir leur cahier pour noter des trucs dedans, que la 6ème A avaient des élèves qui avaient plus leur place en psychiatrie, que des élèves de 6ème B ne pouvaient pas s'empêcher de hurler et que si je les reprenais, je me faisais menacer physiquement, que les élèves de 6ème C, ben ils aimaient bien participer tous en parlant le plus fort possible et que les troisièmes ignoraient ce qu'était un nombre entier... Bref, j'ai compté les semaines (d'abord) puis les jours (mais c'était trop déprimant) et puis j'ai repéré cette semaine. Semaine du 11 au 15 juin. Quatre de mes classes partent en voyage ou en stage. Four, baby! Alors je l'attendais cette fameuse semaine, génialement comprise entre la semaine du 8 mai et la semaine du pont de l'Ascension.

Et la semaine dernière, j'ai eu la merveilleuse surprise de trouver dans mon casier (en même temps, première fois que quelqu'un y met quelque chose, j'aurais du me méfier) un emploi du temps. Un emploi du temps spécial pour cette semaine! On me l'avait entièrement changé, de peur que je m'ennuie ou que je déprime sans personne qui m'insulterait ou me hurlerait dessus pendant une semaine. Et comme mes classes ne sont pas là, ils m'en ont trouvé d'autres, qu'à cela ne tienne! Des cinquièmes + ma classe qui ne part pas (les élèves pas finis qui devraient aller en psy) qui va se ramasser 8 heures de maths dans la semaine. Je sens que l'heure de vendredi de 14h30 à 15h30 (8ème heure de la semaine en maths donc), je vais passer un bon moment... Et plus globalement, par rapport à mon emploi du temps de d'habitude, je commence plus tôt, termine plus tard et n'ai plus la moindre demi-journée de la semaine. Mais de quoi je me plains hein, j'ai 3h chaque jour pour manger...

Ce matin, je m'attendais au pire en découvrant les deux cinquièmes que je ne connaissais pas et avec qui j'avais deux heures (chacune) de travail. Et contre toute attente, les cours se sont bien passés. Ca m'a sacrément changé de niveau. J'ai même réprimé une larme lorsqu'une élève, à qui je venais de faire remarquer que la vitesse ne s'exprimait pas en m², a explosé de rire en s'excusant et en me disant qu'elle avait "vraiment écrit n'importe quoi". Là où n'importe quel élève de mes classes habituelles m'aurait regardé avec cet air bovin qui les caractérise et m'aurait dit : "Ben quoi?". Je n'ai même pas eu besoin d'élever la voix (que je n'ai plus depuis hier et pourtant j'ai même pas fait la fête, c'est pas juste), certains n'ont pas fait grand chose en 2h mais comparé à d'habitude, c'était comme à l'IUFM (le truc qui arrive jamais quoi).

J'étais en train de prévenir la directrice que j'allais peut être kidnapper ces classes pour les garder jusqu'à la fin de l'année et les échanger contre les autres horreurs parties choper la grippe A à l'étranger (sinon je vois vraiment pas pourquoi des profs les ont amenés), quand une collègue m'interroge : "Ca s'est bien passé ce matin?". Comme elle est prof principale de cette classe, je la rassure : "Très bien! Bon ok certains n'ont pas bossé beaucoup mais ils étaient calmes et ça s'est bien passé". Réponse : "Ah ok, parce que j'ai eu quelques échos et ça m'inquiétait un peu alors si ça se passe mal la fin de la semaine, tu me préviens?".

Gros blanc. Je lui demande de qui elle tient ses échos, elle me dit qu'"un des élèves lui a dit quelque chose sur mon cours" alors elle voulait s'assurer que ça avait été. Je lui dis que pour moi tout s'est bien passé, et que j'aimerais bien savoir ce que l'élève en question lui a dit, peu importe l'élève. Mais elle me dit que c'est rien du tout, qu'il faut pas que je m'en fasse et que si quelque chose va mal, je n'hésite pas à lui en parler. J'ai eu beau la questionner, lui dire qu'elle ne pouvait pas me laisser comme ça sans rien me dire, elle n'a rien dit en me rassurant : "Mais c'est rien, si ça se trouve l'élève a dit n'importe quoi alors t'en fais pas...".

Sauf que :
1. Si c'est rien, pourquoi m'en parler?
2. Si c'est rien, pourquoi ne pas m'en dire plus?
3. Ca pourrait être un mensonge, alors pourquoi ne pas me demander MA version?
4. Ca pourrait être un mensonge, alors l'histoire n'est pas si anodine non?
5. Ca peut être un truc idiot (genre "La prof, elle arrête pas de répéter la même expression, c'est trop la honte! On fait des barres sur la table à chaque fois qu'elle la répète" ou "On a échangé nos prénoms pendant l'appel pour pas qu'elle nous connaisse comme ça on se marre quand elle nous appelle") mais pourquoi ne pas me prévenir pour que je fasse plus attention au prochain cours?
6. Ca peut être un truc idiot mais pourquoi me rendre parano au point de me laisser chercher seule quoi sachant que ça peut être tout?

Bref, depuis je n'arrive pas à calmer ma colère. Elle se croit maline à me balancer ce genre de choses alors que je pensais jusque là que tout allait bien? Le pire, c'est que ce genre de trucs, je sais que ça va me réveiller à 2h du matin dès cette nuit et que je ne pourrai pas me rendormir tant je rejouerai les 2h de cours dans ma tête pour voir ce qui a pu clocher. Comme si je n'avais pas assez de mal à dormir depuis que je suis dans cet école... Elle cherche quoi? Mes remerciements pour m'avoir prévenue que j'allais peut être avoir un attentat dans la classe d'ici la fin de la semaine alors que je pensais être face à des bisounours?

En plus, je sais que ça n'est rien. Cette prof, c'est THE dramaqueen à elle toute seule. Du genre à aller voir tout le monde, les larmes au bord des yeux et lèvres pincées mais la tête haute (genre grande dame qui en supporte teeeeeeeeellement dans sa vie par rapport à toi, qui va toujours bien et à qui la vie sourit chaque jour) pour annoncer qu'elle n'en peut plus de sa tendinite de l'épaule mais qu'elle sera digne et saura mener sa classe à la victoire pour le concours régional, même dans la douleur.

Ca n'est rien, j'en suis sûre, mais au fond je ne sais pas. Cet après-midi, 16h32, tout allait bien. Je venais de passer la meilleure journée depuis des semaines (dans cet établissement, meilleure journée tout court). Quatre heures qui s'étaient déroulées parfaitement, sans bruit, avec travail, avec des sourires, parfait. Et l'autre qui vient me démolir genre : "Tu te croyais heureuse, pauvre imbécile que tu es, pendant tout ce temps, ils se moquaient de toi!". Au moins ça me conforte dans mon idée de ne surtout pas rester dans cette école l'an prochain. Ce genre de collègues qui joue la gentille qui veut te prévenir mais qui en fait se contente de te faire peur alors qu'elle ne sait pas grand chose pour le plaisir de te démolir (j'ai du mal à croire à de la pure stupidité), non merci.

Et demain je raconterai comment deux autres espoirs de poste se sont évaporées hier aussi. Yeah baby!

2 commentaires:

  1. Comme je te comprends!!!
    Je déteste les gens qui disent ce genre de trucs genre "untel a dit un truc sur toi, nan mais je vais pas te le répéter, c'est rien"
    Ben dans ce cas, tais toi, crétin!!!

    Bon, prends une tisane, avec un peu de chance, tu sera en colère au ralenti, et connaîtra de nouvelles sensations corporelles très intéressantes!

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  2. Ca a été finalement, grâce à ma maman qui m'a bien rassurée. Et ce matin, la confirmation. Ca n'était vraiment rien finalement.

    Merci de tes messages, ça me fait vraiment plaisir!

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