26 mai 2009

Au secours!

Aujourd'hui, à la question "Quel est le chiffre des unités dans le nombre 172,5?", sept élèves (qui n'ont pas entendu la réponse des autres hein) ont répondu : "9".
Je songe sincèrement à me suicider.

15 mai 2009

Itadakimassu!


Depuis peu, une nouvelle marque a envahi les rayons de notre carrefour : Tanoshi. C'est une marque qui propose de la nourriture japonaise. Exit les sushis, cette marque propose pour l'instant une dizaine d'articles : soupe miso, thé ocha au jasmin ou koocha noir en bouteilles, tofu, pois au wasabi, chips au wasabi, wasabi et ramen. Pour des prix s'échelonnant entre 1,50€ et 3,50€ environ. Du japonais authentique, fabriqué au Japon. Chaque paquet est une invitation au voyage, entre ses couleurs noir et fushsia et son petit poème au dos qui nous parle de ce merveilleux pays.

J'ai testé les chips au wasabi et je peux vous dire que ça arrache! On ne s'y attend pas mais nul doute : ces chips contiennent une bonne dose de wasabi! J'espère pouvoir bientôt goûter d'autres références (mais monsieur trouve ça un peu cher...).
A goûter de toute urgence!

13 mai 2009

La phrase qui tue - part 3

Cet après-midi, en route pour mes cours particuliers, je croise une bande de djeuns (20-25 ans) qui trainait sur un banc. "Z'êtes drôlement charmante mademoiselle" "Eh! madame!" (il veut mourir lui, avec son madame?). Bref, je trace, le portable à l'oreille. Arrivée devant chez mon élève, je sonne. De la fenêtre, elle me dit qu'elle arrive. Je vois les djeuns s'approcher et je prie intérieurement : "Bon tu bouges tes fesses Machine, dépêche toi saleté de feignasse!". Elle ouvre pile au moment où les djeuns arrivent. Et évidemment, c'est un festival : "Ouah, elles sont deux, t'as vu!" "Eh, on peut rentrer nous aussi?" etc. Bref, on rentre et là, elle me sort : "Ca me fait quand même un peu peur quand il y a des gars qui trainent comme ça. Parce que vous encore, à votre âge, vous risquez rien, mais moi, à 17 ans, on sait pas ce qu'ils peuvent me faire...".

No comment.

Parce que ça commence à bien faire

Aujourd'hui, suite de l'histoire. Je recroise la collègue qui m'avait si gentiment prévenue hier. Elle me redemande : "Aujourd'hui, ça a été avec la 5èmeB?". Moi, passablement agacée (non mais elle va me faire le coup tous les jours?) : "Oui oui, pas de problème...". Elle : "Bon alors je vais te dire...". Silence. Elle prend son air le plus grave et annonce : "Voilà. Il y a une semaine, un élève est venu me voir. Je ne dirai pas son nom hein. Mais il m'a dit - Silence mélodramatique - qu'il avait intercepté une lettre qui circulait dans la classe. Qui nommait un certain nombre d'élèves, que je ne nommerai pas. Et qui disait - silence mélodramatique - qu'ils allaient tout faire pour pourrir tes cours cette semaine - silence à nouveau - mais si rien ne s'est passé, tant mieux hein!".

Donc en gros, cette femme m'annonce qu'elle sait depuis plus d'une semaine que je risque d'aller au casse-pipe, mais elle ne m'en a même pas parlé, ne m'a pas prévenue et a préféré savoir ce qu'il s'était passé... après. Belle mentalité. Au moins, j'ai bien dormi cette nuit et n'y ai même pas pensé (merci maman pour m'avoir rassurée hier au téléphone, personne ne me rassure mieux). Elle aura au moins foiré l'un de ses buts : me faire flipper.

Aujourd'hui, j'ai aussi pété un cable avec le responsable de niveaux (RDN). Toutes les semaines depuis que je suis dans cette école, il me rajoute des heures par ci, par là, parce qu'un collègue est absent ou autre. J'ai souvent accepté de terminer plus tard, ou de commencer plus tôt. Mais parfois, je ne peux pas. Parce que, bêtement, j'ai une vie, moi. Et je prévois des choses après mes cours. Et les quelques fois où je ne pouvais et où je m'excusais avec mon sourire le plus gêné, est-ce que j'avais droit à un gentil : "C'est pas grave, on se débrouillera autrement..."? Non! J'avais le droit à l'énervement du RDN qui me disait : "Et pourquoi? Tu fais quoi? Et tu peux pas déplacer ton rdv chez le médecin? On va faire comment nous?" etc. Quand je disais oui, est-ce que j'avais un grand sourire avec des remerciements chaleureux pour avoir accepter de les dépanner? (je rappelle que je ne suis pas payée en heures sups pour ça hein) Non! Le RDN disait juste : "Bon ok ça va, cette fois t'as rien d'autre...". Sympa...

Bref, ce matin, j'arrive, le RDN m'appelle pour me dire que finalement je suis venue pour rien parce qu'hier soir, le collègue que je remplaçais ce matin a annoncé qu'il pouvait venir finalement. Est-ce qu'il m'a appelé pour me prévenir? Non! Pas grave, j'ai qu'à partager une classe avec mon collègue et même si j'ai préparé un cours pour rien et n'ai rien à proposer à l'autre classe, je me débrouillerai bien! A la récréation, il m'appelle à nouveau. Pour m'annoncer que lundi prochain, il voudrait que je vienne à 13h30 au lieu de 15h30 et en regardant mieux, je vois qu'il m'a même programmée pour 9h30! Alors que je n'ai qu'une demi-journée par semaine et que ce n'est même pas pour dormir (uniquement), puisque j'en profite pour bosser. Mon sang n'a fait qu'un tour. Je lui ai dit que j'avais d'autres projets (ce qui est vrai, je dois aller voir pour un poste qu'on m'a proposé l'année prochaine, qui ne me tente pas énormément alors je vais voir ce que ça donne sur le terrain) et que ça n'était pas possible. Il s'est énervé : "Mais on peut pas faire autrement, ya pas d'autres profs disponibles!" (ce qui est faux, le collègue que je remplace est là et a les mêmes horaires). Mais cette fois j'ai tenu bon, ne me suis pas excusée et l'ai laissé en plan.

Marre d'être considérée comme un pion qu'on bouge à volonté. Comme je lui ai expliqué, cette semaine, j'ai eu un emploi du temps horrible : je commençais à 8h tous les matins, je terminais à 16h30 tous les soirs et que j'avais 3h de trou le midi. Et je ne me suis pas plaint. J'ai eu des classes que je ne connaissais pas. J'ai supporté ça sans rien dire. Mais maintenant ça suffit.

Et un point de plus pour ne pas accepter leur poste de l'année prochaine. Chaque semaine, je m'angoisse à l'idée qu'on me change mes heures au dernier moment et que je ne puisse pas aller aux rendez-vous prévus. Que je doive appeler pour annuler. Il y a les impératifs du boulot : les examens à surveiller en fin d'année, les conseils de classe (chaque trimestre, cinq soirs jusqu'à 21h), les réunions... Mais des heures sups comme ça, non merci. Pas chaque semaine.

12 mai 2009

Même quand ça va bien (en apparence), ben ça va mal en fait (évidemment)...

Quand je suis arrivée dans mon nouvel établissement début mars, j'étais pleine d'espoir. On me proposait un poste jusqu'à la fin de l'année voire au delà et ça, c'était quand même très glop.

Jusqu'à ce que je me rende compte que les quatrièmes n'aimaient pas ouvrir leur cahier pour noter des trucs dedans, que la 6ème A avaient des élèves qui avaient plus leur place en psychiatrie, que des élèves de 6ème B ne pouvaient pas s'empêcher de hurler et que si je les reprenais, je me faisais menacer physiquement, que les élèves de 6ème C, ben ils aimaient bien participer tous en parlant le plus fort possible et que les troisièmes ignoraient ce qu'était un nombre entier... Bref, j'ai compté les semaines (d'abord) puis les jours (mais c'était trop déprimant) et puis j'ai repéré cette semaine. Semaine du 11 au 15 juin. Quatre de mes classes partent en voyage ou en stage. Four, baby! Alors je l'attendais cette fameuse semaine, génialement comprise entre la semaine du 8 mai et la semaine du pont de l'Ascension.

Et la semaine dernière, j'ai eu la merveilleuse surprise de trouver dans mon casier (en même temps, première fois que quelqu'un y met quelque chose, j'aurais du me méfier) un emploi du temps. Un emploi du temps spécial pour cette semaine! On me l'avait entièrement changé, de peur que je m'ennuie ou que je déprime sans personne qui m'insulterait ou me hurlerait dessus pendant une semaine. Et comme mes classes ne sont pas là, ils m'en ont trouvé d'autres, qu'à cela ne tienne! Des cinquièmes + ma classe qui ne part pas (les élèves pas finis qui devraient aller en psy) qui va se ramasser 8 heures de maths dans la semaine. Je sens que l'heure de vendredi de 14h30 à 15h30 (8ème heure de la semaine en maths donc), je vais passer un bon moment... Et plus globalement, par rapport à mon emploi du temps de d'habitude, je commence plus tôt, termine plus tard et n'ai plus la moindre demi-journée de la semaine. Mais de quoi je me plains hein, j'ai 3h chaque jour pour manger...

Ce matin, je m'attendais au pire en découvrant les deux cinquièmes que je ne connaissais pas et avec qui j'avais deux heures (chacune) de travail. Et contre toute attente, les cours se sont bien passés. Ca m'a sacrément changé de niveau. J'ai même réprimé une larme lorsqu'une élève, à qui je venais de faire remarquer que la vitesse ne s'exprimait pas en m², a explosé de rire en s'excusant et en me disant qu'elle avait "vraiment écrit n'importe quoi". Là où n'importe quel élève de mes classes habituelles m'aurait regardé avec cet air bovin qui les caractérise et m'aurait dit : "Ben quoi?". Je n'ai même pas eu besoin d'élever la voix (que je n'ai plus depuis hier et pourtant j'ai même pas fait la fête, c'est pas juste), certains n'ont pas fait grand chose en 2h mais comparé à d'habitude, c'était comme à l'IUFM (le truc qui arrive jamais quoi).

J'étais en train de prévenir la directrice que j'allais peut être kidnapper ces classes pour les garder jusqu'à la fin de l'année et les échanger contre les autres horreurs parties choper la grippe A à l'étranger (sinon je vois vraiment pas pourquoi des profs les ont amenés), quand une collègue m'interroge : "Ca s'est bien passé ce matin?". Comme elle est prof principale de cette classe, je la rassure : "Très bien! Bon ok certains n'ont pas bossé beaucoup mais ils étaient calmes et ça s'est bien passé". Réponse : "Ah ok, parce que j'ai eu quelques échos et ça m'inquiétait un peu alors si ça se passe mal la fin de la semaine, tu me préviens?".

Gros blanc. Je lui demande de qui elle tient ses échos, elle me dit qu'"un des élèves lui a dit quelque chose sur mon cours" alors elle voulait s'assurer que ça avait été. Je lui dis que pour moi tout s'est bien passé, et que j'aimerais bien savoir ce que l'élève en question lui a dit, peu importe l'élève. Mais elle me dit que c'est rien du tout, qu'il faut pas que je m'en fasse et que si quelque chose va mal, je n'hésite pas à lui en parler. J'ai eu beau la questionner, lui dire qu'elle ne pouvait pas me laisser comme ça sans rien me dire, elle n'a rien dit en me rassurant : "Mais c'est rien, si ça se trouve l'élève a dit n'importe quoi alors t'en fais pas...".

Sauf que :
1. Si c'est rien, pourquoi m'en parler?
2. Si c'est rien, pourquoi ne pas m'en dire plus?
3. Ca pourrait être un mensonge, alors pourquoi ne pas me demander MA version?
4. Ca pourrait être un mensonge, alors l'histoire n'est pas si anodine non?
5. Ca peut être un truc idiot (genre "La prof, elle arrête pas de répéter la même expression, c'est trop la honte! On fait des barres sur la table à chaque fois qu'elle la répète" ou "On a échangé nos prénoms pendant l'appel pour pas qu'elle nous connaisse comme ça on se marre quand elle nous appelle") mais pourquoi ne pas me prévenir pour que je fasse plus attention au prochain cours?
6. Ca peut être un truc idiot mais pourquoi me rendre parano au point de me laisser chercher seule quoi sachant que ça peut être tout?

Bref, depuis je n'arrive pas à calmer ma colère. Elle se croit maline à me balancer ce genre de choses alors que je pensais jusque là que tout allait bien? Le pire, c'est que ce genre de trucs, je sais que ça va me réveiller à 2h du matin dès cette nuit et que je ne pourrai pas me rendormir tant je rejouerai les 2h de cours dans ma tête pour voir ce qui a pu clocher. Comme si je n'avais pas assez de mal à dormir depuis que je suis dans cet école... Elle cherche quoi? Mes remerciements pour m'avoir prévenue que j'allais peut être avoir un attentat dans la classe d'ici la fin de la semaine alors que je pensais être face à des bisounours?

En plus, je sais que ça n'est rien. Cette prof, c'est THE dramaqueen à elle toute seule. Du genre à aller voir tout le monde, les larmes au bord des yeux et lèvres pincées mais la tête haute (genre grande dame qui en supporte teeeeeeeeellement dans sa vie par rapport à toi, qui va toujours bien et à qui la vie sourit chaque jour) pour annoncer qu'elle n'en peut plus de sa tendinite de l'épaule mais qu'elle sera digne et saura mener sa classe à la victoire pour le concours régional, même dans la douleur.

Ca n'est rien, j'en suis sûre, mais au fond je ne sais pas. Cet après-midi, 16h32, tout allait bien. Je venais de passer la meilleure journée depuis des semaines (dans cet établissement, meilleure journée tout court). Quatre heures qui s'étaient déroulées parfaitement, sans bruit, avec travail, avec des sourires, parfait. Et l'autre qui vient me démolir genre : "Tu te croyais heureuse, pauvre imbécile que tu es, pendant tout ce temps, ils se moquaient de toi!". Au moins ça me conforte dans mon idée de ne surtout pas rester dans cette école l'an prochain. Ce genre de collègues qui joue la gentille qui veut te prévenir mais qui en fait se contente de te faire peur alors qu'elle ne sait pas grand chose pour le plaisir de te démolir (j'ai du mal à croire à de la pure stupidité), non merci.

Et demain je raconterai comment deux autres espoirs de poste se sont évaporées hier aussi. Yeah baby!

1 mai 2009

Parce que ça fait du bien de le dire.

Mardi, il y avait un reportage sur Sébastien Clerc, déclaré "superprof", ayant inventé LA méthode pour venir à bout des classes les plus récalcitrantes. Alors je suis restée devant ma télé, parce que ça m'intéressait vachement de réussir à avoir le silence pour une fois, pour voir ce que ça fait. J'ai supporté le reportage sur les drogués à la cocaïne, puisqu'apparemment c'est tellement courant les jeunes qui se droguent à la coke... Je me sens super ringarde d'un coup. A 15 ans, je n'avais jamais bu une goutte d'alcool et je considérais les fumeurs de joints comme de dangereux drogués, à regarder de loin. Evidemment, les temps ont changé et maintenant une soirée de collégiens sans alcool, c'est trop la teuhon (d'ailleurs, je pense que dire teuhon, c'est aussi la teuhon) mais la cocaïne tout de même! A 13 ans, un paquet de clopes à 1,80 euros, c'était trop cher pour moi alors même si on nous dit que le gramme a bien baissé, que maintenant tout le monde peut en consommer, je peux confirmer que jamais je n'aurais eu 60 euros pour une soirée! Mais je suppose que même les pauvres ont changé, puisque même 60 euros aujourd'hui c'est rien...

J'ai aussi supporté un reportage sur les gamins qui jouent au catch. Passons. Est arrivé LE sujet que j'attendais depuis le début de l'émission, soit depuis plus d'une heure (d'ailleurs pourquoi cette émission s'appelle-t'elle 66 minutes alors qu'elle dure plus de 2h?!). Sébastien Clerc est donc un super prof et a trouvé LA méthode pour se faire respecter et faire des cours - presque - parfaits. On commence par voir sa préparation : chaque matin, Sébastien Clerc se fait le petit-déjeuner de la mort. Oui, il se prépare comme un sportif de haut niveau, dit la voix-off. Il carbure au thé et nous explique que c'est meilleur que le café. Je ne bois pas de café mais je note. Plus de vodka au petit-dej. Puis on le voit en classe. On ne va pas employer d'euphémisme : dans sa classe, c'est le bordel. Total. Personne n'écoute, ça envoie des sms dans tous les sens, les élèves se permettent d'envoyer chier le superprof, personne ne suit, personne ne bosse. Ah ah, je jubile : "C'est encore pire que chez moi!". Et j'attends qu'il montre ses méthodes pour que la classe se calme et qu'on soit tous scotchés, genre : "Ouah, trop fort ce mec, j'achète son bouquin dès demain!".

Et en fait rien. C'était ça son cours trop parfait qui se passe super bien. Alors oui effectivement les élèves ne le frappent pas, ne le poignardent et ne lui balancent pas des cartouches d'encre (il a dit que c'était le cas à ses débuts, perso je ne connais personne à qui c'est arrivé mais passons) mais ça reste loin du cours parfait pour moi. Je suis peut être une super-super-prof du coup. Je devrais peut être vendre des bouquins aussi avec mes conseils. Parce que même si je ne suis pas dans le 9-3 (apparemment, il n'y a que dans le 9-3 que ça craint sa race), j'ai quand même des classes difficiles et qui feraient passer la classe d'Entre les Murs pour une classe de Bisounours. Et ils m'écoutent (parfois).

On voit ensuite Superprof faire ses cours en étudiant un texte de rap. Dont le vocabulaire frôle le néant, mais que les élèves comprennent (enfin!) et dont ils essaient de faire une analyse. Alors je suis peut être la personne la plus ringarde qui soit, avec les idées les plus rétrogrades mais honnêtement, jamais je ne me résoudrai à faire ce genre de travail (ok en maths, c'est assez difficile de s'appuyer sur un texte de rap). Jamais ces élèves ne connaitront autre chose que le rap qu'ils écoutent à longueur de journée et même s'ils s'en fichent, n'écoutent pas, je trouve que c'est un devoir d'essayer de leur faire connaitre autre chose. Même s'ils n'en retiennent pas grand chose.

De même, Sébastien Clerc, dans ses conseils généreux, nous apprend que lorsque des élèves arrivent en cours avec des écouteurs et casquettes, c’est à nous de "bien leur parler, de bien les saluer afin de leur donner envie de les retirer". Et là, j'avoue avoir explosé devant ma télé (ce qui m'a valu d'ailleurs de vifs reproches de ma moitié qui aime bien regarder la télé sans jamais émettre le moindre commentaire mais lui, il est pas prof, il peut pas comprendre). Bien sûr! Quelle idée d'exiger ce genre de choses! Je salue tous les matins mes élèves par un "Bonjour à tous! Asseyez-vous!" (oui dans le privé, les élèves attendent le signal pour s'assoir et c'est drôlement pratique pour avoir le silence 5 secondes dans le cours parce que ma règle c'est : "Tant qu'il y a du bruit, vous ne vous asseyez pas") mais si l'un d'entre eux a une casquette ou son portable dans les mains, le cours ne commence pas. "Leur donner envie de le retirer..." Je me tamponne un peu de leur "envie" de retirer leur casquette, je leur demande sans les agresser (car comment demander du respect si l'on n'en a pas soi-même pour les élèves) mais je n'attend pas leur envie.

Quant à l'histoire du plan de classe, dans le privé, chaque prof principal fait le plan de classe et les élèves restant dans leur salle, ils l'appliquent à chaque heure. Donc son conseil, ça fait quand même bien longtemps qu'il est appliqué. Mais merci pour le conseil.

Autre débat : le vouvoiement des élèves. Il dit que c'est la base du respect et je ne suis pas d'accord. J'ai toujours respecté mes parents que je tutoie. Des élèves m'ont manqué de respect et pourtant me vouvoyaient. J'avoue ne pas pouvoir vouvoyer mes élèves. Ca mettrait une distance que je n'assumerais pas. J'appelle aussi mes élèves par leur prénom quand des collègues aiment bien appeler par le nom de famille. Honnêtement, c'est une question de feeling et je pense qu'il n'y a pas de méthode pour réussir de ce point de vue là. Chacun fait comme il le ressent.

C'est d'ailleurs ce qui m'a gêné dans ce reportage. On donne des conseils alors qu'il n'y a pas de classe type. Je n'ai jamais eu le même genre de classe (ou d'établissement) en 5 remplacements effectués. Donc je n'ai jamais appliqué les mêmes méthodes, même si la base reste la même. Ce qui m'a (quand même) fait rire, c'est de voir ce prof se filmer pour "répéter" ses cours. Il avait l'air tellement gauche, tellement mal à l'aise. Et je me suis dit que je ne voudrais pas avoir l'air de ça, après 9 ans d'enseignement. Je n'ai même pas l'impression d'être si angoissée que lui, après seulement trois ans d'"expérience". Bref, un reportage qui ne sert à rien. Et qui m'a rappelé les quelques réunions type IUFM que j'avais pu suivre l'année de préparation du concours. On entendait des gens nous dire qu'il ne fallait pas diminuer les élèves, les valoriser... alors que moi, je n'avais qu'une envie en faisant ce métier : leur hurler dessus, les humilier, les menacer d'un cutter (mais depuis j'ai appris qu'en fait, il ne fallait pas) et surtout ne jamais les encourager.

Mais j'avoue que pour moi, le métier de prof, ça ne s'apprend pas. On le ressent ou on ne le ressent pas. Même si évidemment, les conseils (nombreux) sont les bienvenus. Mais si on en est à noter qu'il ne faut pas juger un élève et lui dire qu'il est nul (j'ai vu des étudiants noter ça fébrilement sur leur petit carnet, genre "Ah bon? Tiens, faut pas que j'oublie ça"), c'est que peut être, on n'est pas tout à fait fait pour ce travail. Parce que des situations pour lesquelles on n'aura eu aucun conseil, on en vivra tous les jours. Et là, il faudra ce débrouiller avec la seule chose qu'on possède : notre feeling.

29 avr. 2009

La phrase qui tue - part 2

Après le cours avec mes troisièmes préférés en demi-groupe (je n'ai qu'une classe de troisième, vous avez deviné), je croise l'autre demi-groupe et l'une des élèves me dit : "Madame, on peut changer de groupe? Parce qu'avec monsieur XXXX, on comprend rien, c'est encore pire qu'avec vous!". Merci, je vais prendre ça pour un compliment.